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Espoir
Lors de mes études aux Pays - Bas, chaque mercredi soir on allait au café. Et chaque fois, déjà quand nous arrivions, au fond de la salle il y avait un vieil homme, toujours le même, assis derrière la machine à sous. Ostensiblement, d'abord il passait à la banque, car sans faille il avait des rouleaux de pièces, étalés l'un à côté de l'autre, devant lui sur l'appareil. Et toute la soirée jusqu'à l'horaire de la fermeture il jouait. Il enchaînait jeu après jeu, pièce après pièce. Sa motivation, sans doute, était de gagner ce mirage élusif, le jackpot. "Mille euros, cinq mille euros, qui sait ?" Quoi qu'il en soit, les années passaient, mais son jackpot ne tombait pas, quelques pièces des fois, rarement quelques dizaines, mais c'était tout. Pourtant, pendant toutes ces années il passait ses soirs derrière sa machine...
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Cela fait longtemps que j'ai terminé mes études. Je ne pense pas que mon vieil homme peut encore être derrière la machine maintenant. En fait, il jouait aussi un autre jeu. Il n'enchaînait pas juste les pièces, il allumait aussi une cigarette après l'autre sur le mégot qu'il avait entre ses doigts jaunis. Ca aussi est une forme de loterie ! Seulement, elle ne met pas de prix en perspective. Le risque de fumer est plus que clairement indiqué sur les paquets...
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Voilà la force de la récompense versus l'impuissance de la punition ! Pour passer sa vie derrière une machine, déjà l'espoir d'une récompense suffit malgré des chances infimes. Par contre, même l'ultime punition ne permet pas de motiver à quitter de fumer, puisque elle "n'arrive qu'aux autres".
Entre nous, le risque de perdre dix ans de sa vie à cause du tabac, de façon qu'on ne souhaite peut-être qu'aux pires de ses ennemis, est d'une chance sur cinq...
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Pour que la punition motive, il faut qu'elle soit sévère, mais en plus la conviction qu'elle ne manquera pas de frapper, sans faille et sans délais. Pour que la récompense motive, c'est juste l'espoir de succès qui suffit, même s'il est en vain.
Ceux qui espèrent arriver à arranger les problèmes de leurs chiens par la punition auront besoin de la patience qu'avait mon vieil homme...
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Conclusion
Les comportements désirables du chien, dûment cultivés dans son univers quotidien grâce à un travail réfléchi en éducation canine moderne, persisteront longtemps après que les clients aient perdu la motivation de continuer à travailler, leur chien devenu sage. Les comportements indésirables d'un chien dressé moyennant des ordres menaçants et des corrections avec des colliers punitifs sur un terrain de dressage, réapparaîtront facilement dans les situations où le chien sait qu'il s'en échappera. Si l'on travaille par la récompense, très vite on pourra se relaxer. Si l'on préfère traiter son meilleur ami comme un dictateur esclavagiste, on est destiné à s'y perdre.
Joris Loeff
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